Vous avez probablement dû entendre les termes SDF et sans-abri utilisés dans les médias de façon interchangeable, sans réellement saisir la distinction : on fait le point !
Ces termes regroupent des situations extrêmement variées. Il n'y a pas d'acception unique, les définitions varient d'un pays à l'autre.En France, le sigle SDF (sans domicile fixe) reste le plus utilisé depuis son apparition au cours du XIXè siècle (1). Il regroupe les significations des individus sans-logis, sans-abri, clochards, vagabonds, mendiants...La définition Sans Domicile Fixe implique que l’individu bouge d’endroit à endroit - squat, hôtel, hébergement d’urgence, rue... - sans obligatoirement dormir dehors (2). Être SDF concerne plus la précarité de l'occupation d'un logement (passer sans cesse d'un hébergement à un autre) que le critère du logement.Par contraste, une personne sans-abri est quelqu'un qui n'a pas de toit, qui n'est pas protégée du monde extérieur : c'est une personne qui dort dans la rue (3). Un individu sans-abri est donc SDF mais une personne SDF n’est pas forcément sans-abri.
Malgré tout, ceci n’est pas la définition officielle du gouvernement français, puisque la France, contrairement à certains pays anglo-saxons, n’a pas de définition officielle. Bien sûr, pour pouvoir recenser le phénomène du sans-abrisme, il faut un sens plus précis.
L’INSEE utilise dans ses enquêtes statistiques - sur une base déclarative des personnes interrogées - deux termes qu’ils définissent ainsi :
Pour l’INSEE, la distinction se fait donc au niveau de la temporalité et non pas du lieu (2). En d’autres termes, une personne sans-abri de l’INSEE n’est pas forcément sans-abri du langage courant.Mais ce n’est pas tout : les définitions varient aussi à l'échelle européenne. Ici, l’Union Européenne considèrent comme sans-abri, outre de ceux qui dorment dehors, les individus vivant “dans des logements temporaires, insalubres, ou de piètre qualité" (4).
Autre terme possible, l’expression “sans-chez-soi” qui dénote mieux la problématique que les autres mots que nous avons utilisés (5). En effet, le plus important n’est pas forcément d’avoir un toit au dessus de la tête mais d’avoir un endroit à soi, où l’on reste dans son intimité. Samia, actuellement hébergée en foyer d'urgence et proche du réseau Entourage, l’avait d’ailleurs mentionné lors de son témoignage : le plus important est de se sentir "chez-soi” plutôt que d’être un “accueilli” ou même un “invité”.
De nombreuses personnes sans-logis trouvent que le terme de "SDF" a tendance à catégoriser et à regrouper sous un sigle des situations variées qui ne correspondent pas à une seule réalité..
Homeless en anglais, sanza casa en italien, sin hogar en espagnol, obdachlos en allemand, SDF en français... Le plus important est de ne pas utiliser le terme "SDF" ou "sans-abri" comme nom commun mais plutôt comme adjectif. De même qu'on ne dit pas "un cancéreux" ou "un veuf", il vaut mieux ne pas employer le substantif "un sans-abri" et préférer "une personne sans-abri". Pourquoi ? Parce que ne pas avoir de logement ne définit pas un individu. Il a avant tout un prénom, une histoire, des goûts, des envies… Ces circonstances ne sont qu’un aspect de sa vie, qu'un moment. Et la conviction de notre association Entourage, c'est que chacun à son niveau, on est une partie de la solution pour entourer les personnes sans-abri et SDF. Quelque soit le terme, allons à la rencontre des personnes isolées que nous croisons tous les jours dans nos rues !
Pour aller plus loin :
Références