Le nombre de femmes dans la rue ne cesse d'augmenter. Selon une enquête de l'INSEE de 2012, elles représentent 40% des personnes sans-abri. Malheureusement les structures ne sont pas toujours adaptées pour accueillir cette population de plus en plus importante et ses besoins spécifiques.Le 28 mai c’est la Journée d’action pour la santé des femmes. Cette journée met en lumière les problèmes d’accès à des services de santé de qualité pour les femmes. Pour l’occasion nous faisons le point sur les problèmes de santé spécifiques aux femmes sans domicile et les acteurs qui cherchent et trouvent des solutions à ces problèmes. Cet article a été écrit à 4 mains avec Anne-Claire, présidente du comité de la rue d’Entourage, ayant vécu 17 ans dans la rue.
Il faut savoir que l’accès à la propreté est compliqué pour les sans-abri. Beaucoup de structures existent mais elles sont souvent surchargées et il y a parfois besoin de papiers d’identité et de bons sociaux pour y accéder, ce qui complique l’accès pour beaucoup de personnes SDF.
Ils peuvent alors se laver dans les bains publics ou les fontaines mais sans savon, le nettoyage est superficiel. De plus, le simple fait de se dénuder dans un endroit public est illégal, et passible d’amende. Ce manque d’hygiène intime est plus qu’un problème d’odeur ou d’inconfort, cela concerne véritablement la santé. En effet, il est à l’origine de maladies et d’infections type eczéma champignons, ou mycoses.
Pour remédier aux problèmes d’hygiène, l’association Mobil’douche met en place des services d'hygiène mobile à destination des sans-abris et des mal-logés sur Paris. Le concept est de réaménager des camions en douches mobiles, plusieurs initiatives similaires fleurissent un peu partout en France (Etmadouche à Nantes, le Camion douche à Toulouse...).
Les menstruations pour les femmes dans la rue sont chaque mois une épreuve à surmonter. Quand on n’a pas d’abri mais surtout pas les moyens d’acheter des protections et de pouvoir se laver régulièrement, les règles qui reviennent tous les mois deviennent problématiques.
Il y a peu de collectes et de distributions de protections hygiéniques féminines. D’après les associations, le Samu Social et les centres d’accueil, le constat est alarmant : il y a un cruel manque sur le terrain. "C’est un besoin constamment renouvelé et qui n’est absolument pas pris en compte.” Elles utilisent alors de vieux t-shirts qu’il n’est pas pratique de changer régulièrement, cela aggrave le problème d’hygiène.
Règles élémentaires est une association fondée par une étudiante qui a pris conscience de ce problème. Pour répondre à ce besoin elle organise des collectes de produits hygiéniques pour les femmes sans-abri.
Dans la rue, la sexualité est un acte risqué. Par ailleurs, de nombreuses femmes SDF sont victimes de viol. Beaucoup d’infections sexuellement transmissibles circulent et l’accès à la contraception est souvent compliquée.
Cette sexualité non-protégée mène souvent à des grossesses, parfois non-désirées.
Celles qui décident de mener leurs grossesses à terme peuvent se rapprocher d’associations. Pour Anne-Claire, présidente du comité de la rue d’Entourage, ayant eu un enfant dans la rue : “les femmes ont peur qu’on leur retire la garde de leur enfant, ça décourage à aller consulter ces structures”.
D’après Bernard Guillon, gynécologue et co-fondateur de l’association ADSF (Agir pour la Santé des Femmes), “80 femmes enceintes dorment dans la rue chaque nuit à Paris”. Bernard Guillon explique qu’il est fréquent que les femmes sans-abri ne bénéficient d’aucun suivi médical pendant leur grossesse. Cette absence de suivi multiplie par deux les risques d’accouchement prématuré ou de devoir recourir à une césarienne, et cela peut avoir des conséquences dramatiques sur la santé de l’enfant et de la mère.
L’association ADSF s'organise pour soigner les femmes les plus démunies à travers le monde, elle a également vocation à sensibiliser le public et les institutions.
D’après le témoignage d’Anne-Claire : “il y a des grossesses dans la rue mais peu qui sont menées à terme. Les femmes sans-abri s’adonnent à des avortements non encadrés médicalement et souvent dangereux." Ces avortements à risques peuvent affecter durablement la santé des femmes concernées.
- problèmes dentaires- maladies de peau- troubles psychiatriques- plaies et coups liées à la violence- parasites : poux...
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copyright Franco Folini[/caption]
Plus encore que les hommes, les femmes SDF souffrent de la solitude. Elles s’isolent volontairement par peur de la violence, et sont sur la défensive avec tout nouvel interlocuteur. Il faut gagner leur confiance, la première chose à faire est de rentrer en contact avec elle puis établir une relation fidèle et régulière.
Vous pouvez constituer des kits hygiène pour femme à aller distribuer avec :
Voici des idées de produits d’hygiène nécessaires dans la rue qu'il est possible de rajouter au kit :
On vous propose également de vous rapprocher d’organisations qui aident les femmes sans-abri, par exemple:
Vous pouvez aussi envoyer des colis de protections intimes au Samu social (à l’attention de Lolita Dias, 59, rue Ledru-Rollin 94 200 Ivry-sur-Seine).
Il existe de multiples services de santé anonymes et gratuits, pour le suivi de grossesse, la contraception, les dépistages, les bilans de santé, les IVG ou encore les vaccinations. Mais beaucoup de femmes sans-abri n'y ont pas recours. Soit elles ne remplissent pas les critères requis (en terme de papiers...), soit elles ne connaissent pas l'existence de ces structures, soit elles ne souhaitent pas les utiliser (par crainte, par méfiance, par peur de la violence et de la cohabitation avec des hommes...).
Car l’accès aux structures dédiées n’est pas toujours évident. Il faut :
Si vous êtes à Paris n’hésitez pas à consultez le guide de la solidarité de Paris, qui recense les structures d’accueil dédiées aux personnes SDF pour en savoir plus.
Lorsqu’ils commencent à exercer, les pharmaciens prononcent le serment de Galien et jurent “de donner aide et secours indifféremment à tous ceux qui les emploieront.” Pour le monde de la rue, le pharmacien est une forme de “médecin” plus accessible. Il est un véritable conseiller, un médecin de proximité. Les femmes peuvent faire appel à ce pharmacien pour avoir des échantillons de produits intimes et des conseils.
De plus en plus d’initiatives autour de la santé des femmes émergent, pour faire bouger les choses. Mais ils restent encore beaucoup de progrès à faire pour que les femmes soient en sécurité et en bonne santé dans la rue.
Merci à Anne-Claire pour son témoignage et ses conseils. Vous pouvez lire son expérience de 17 ans de rue dans son livre Mes années barbares pour mieux comprendre le quotidien des femmes SDF.
Vous pouvez également consulter ce guide en ligne, écrit par des femmes pour des femmes, qui donne des conseils pour se protéger du harcèlement en ligne.
Désormais, si vous croisez une femme sans-abri, souriez-lui et soyez particulièrement attentif et disponible ! La violence de la rue rend les femmes vulnérables et méfiantes, mais une relation pourra se nouer et la confiance s’installer avec patience et bienveillance.
Bibliographie:http://www.humanite.fr/avec-le-gynecologue-des-femmes-de-la-rue-555405https://fr.wikipedia.org/wiki/Serment_de_Galienhttps://api-site.paris.fr/images/77130http://www.lci.fr/societe/a-21-ans-elle-lance-regles-elementaires-collecte-de-produits-intimes-pour-les-femmes-sans-abri-1534947.htmlhttps://www.samusocial.paris/sites/default/files/rapgyn1005w.pdf