Nous vous livrons ici - tel quel - le témoignage de Roya-Rose que nous avons reçu par email. Poignant et emprunt de poésie.
Je revenais de Paris 3, l'université où j'étudiais Il pleuvait. Un temps a ne pas mettre un chien dehors.Je passe, un homme assis sous les perles d'eau, me regarde avec des yeux bleus délavés.Je remarque qu'il n'a pas de chaussures aux pieds. Un mois passe. Tous les soirs, même rituel : un coucou. Régulièrement nous échangeons en anglais. On dirait un animal traqué qui rêve de fondre dans le paysage urbain.
De temps à autre, je lui laisse des cigarettes. Je finis par lui donner l'adresse et le code de mon appartement. Il parle souvent seul dans les rues. C'est un visage que les habitants de mon quartiers connaissent bien. Il n'est pas méchant malgré son air de grand viking.Avec le temps, nous avons appris à nous connaitre. Il avait besoin de soins conséquents. D'un peu de réconfort. D'un semblant de famille." Un repère".Ses parents n' avaient plus de ses nouvelles depuis 8 ans. J'ai pris des billets pour Rotterdam [d'où il vient].
Sur le quai, une mère court embrasser son fils qu'elle avait cru mort...il ne bouge pas. Il ne saisit pas l' ampleur émotive de la situation. Il est autiste.Il se laisse submerger par cette vague d'amour, trop longtemps réfrénée .Cinq bonnes minutes passent.Revenue à la réalité, la femme me cherche des yeux sur se quai désert.Je sèche mes larmes. je venais d'assister à la plus belle scène de film qui soit.
Il s'appel Michael- Peter.M'appelle : "The Lady". Me remercietous les jours d'être là. Je pleure souvent de bonheur. Sur la place tout près, d'autres âmes attendent... un sourire, un regard....