La Fondation de France a publié en Juin 2013 son rapport sur "Les solitudes en France". Entourage a fait la synthèse de ce rapport.
En 2013, 5 millions de personnes sont seules.« Le sort des personnes isolées et vulnérables ne se résoudra qu’à la condition qu’elles puissent redevenir actrices de leur vie, et actrice de leur vie dans leur quartier/village/ville »[caption id="attachment_989" align="alignnone" width="720"]
Rapport de la Fondation de France sur "les solitudes en France" (juin 2013)[/caption]L'isolement relationnel = personnes qui n’ont pas, ou peu, de relations sociales au sein des 5 réseaux (familial, professionnel, amical, affinitaire, et territorial).
En tendance, la part de la population française en situation d’isolement relationnel progresse de manière linéaire depuis 2010, gagnant un point chaque année.Fléchissement de la capacité intégratrice des réseaux amicaux, familiaux, et de voisinage.Stabilité des réseaux associatifs et professionnels.Réseau amical
Réseaux de voisinage
Réseau familial
Réseaux affinitaire
Réseaux professionnels
L’âge : extension générationnelle de l’isolement
La pauvreté augmente le risque d’exposition à l’isolement relationnel
→ L’isolement touche désormais les - de 40ans, les revenus modestes, et les actifs
« Cette crise du lien social, n’est pas une crise de la pauvreté, elle est le symptôme d’une société plus éclatée qui peine à faire communauté »
L’accès à l’emploi
Zone rural / zone urbaine
Réseaux informels, réseaux citoyensLes relations de proximité
Les relations citoyennes (conseils de quartiers, parents d’élèves, fêtes de quartiers..)Seul 23% participent à au moins une activité citoyenne donc peu d’impact sur l’isolement (d’autant plus que 90% des personnes isolées ne participent à aucune de ces activités citoyennes)
On peut imputer aux causes suivantes le sentiment d'isolement :
Les évènements à l’origine du sentiment de solitude : divorce (19%), décès du conjoint (15%), décès de personnes proches (14%), déménagement (10%), perte d’emploi (6%), handicap (5%).Parmi les personnes considérées en situation d’isolement, 7 sur 10 déclarent ne pas le ressentir.L’isolement relationnel s’accompagne d’une part de résignation :« Quand mon mari est décédé, j’ai perdu mon emploi et je suis tombée malade, depuis j’ai l’impression de faire toujours le même train-train tous les jours, la même rengaine ». « J’ai des amis mais je reste chez moi sans parler à personne. Ca me surprend un peu, mais je ne fais rien. Je me dis que je ne parle à personne c’est tout » « J’ai du mal à aller vers les gens et les gens ne s’intéressent pas à moi. Ils ne m’écoutent que si je parle de la maladie de mon fils. on ne demande pas comment je vais et puis mon fils il est condamné, donc moins je parle mieux je me porte ». « C’est dur, il faut supporter le mari qui me veut toujours à son service. C’est dur heureusement que j’ai mes filles. Parfois je dois appeler le SAMU quand il devient violent parce qu’il a de la force dans les bras ». « J’ai un sentiment de mal-être. Le fait de me dire qu’à part ma maison mon conjoint et mes enfants en fait je n’ai rien d’autre» « Mon mari se ballade et sort beaucoup. Moi je suis à la maison et je suis seule. Je fais des gâteaux, mais je suis fatiguée et pas très patiente parce que je suis myopathe » « Ma maman est âgée et avec mes frères et sœurs on a été à l’internat très jeunes donc on ne se connait pas très bien. Mon conjoint est fils unique, j’ai une belle-mère exécrable. Monmariaeuungraveaccidentilya3ansetcelaatout changé ». « Je ne me sens pas intégrée ici. Les gens sont durs et froid. Je croise des gens c’est tout, il ne se passe rien. J’ai élevé seule mes enfants dans une région qui n’est pas la mienne. J’ai vécu aussi en Martinique et j’étais mieux intégrée. Ici les gens sont froids, ici il n’y a pas beaucoup de chaleur humaine ». « J’ai tendance à me replier sur moi-même, à rester muette, dans mon coin, dans mon monde. Je suis seule avec mes enfants ». « J’ai un chien, je me promène, j’ai la télé, je ne suis pas à plaindre quand même » « Je suis en dépression. J’ai arrêté le tabac et l’alcool des fois c’est dur alors je grignote. Et puis les gens je n’ai pas forcément envie de les rencontrer »
L’essor des sociabilités virtuelles (36% déclaraient les fréquenter en 2010 contre 48% en 2013)Les usagers de réseaux virtuels sont surtout des personnes bien intégrées mais il est vrai que les sociabilités virtuelles progressent chez les personnes en situation d’isolement. Ces dernières peuvent en tirer des bénéfices (22% d’entres elles les fréquentent pour rencontrer des gens dans la vie réelle). Cependant ces réseaux n’épuisent pas le sentiment de solitude : ce sentiment est deux fois plus fréquent chez les isolés ayant recours aux sociabilités virtuelles que les isolés n’y ayant pas recours.
→ perte de revenus ou déménagement entraîne une baisse de revenu = baisse du réseaux de proximité et de voisinage→ baisse du réseau amicalPrès d’ 1/3 des foyers monoparentaux estiment que leurs relations sociales se sont dégradées. Remarque : la présence d’enfants minore l'effet du divorce mais n’empêche pas l’expression d’un sentiment de solitude.Mais cela peut aussi développer le sentiment d’une vie relationnelle autocentrée sur les enfants et conduire à un besoin de relation d’adulte à adulte.« C’est le manque de parler surtout. Avec les enfants, je ne peux pas parler de tout, ils sont trop petits. Avant j’étais préparatrice en pharmacie et je voyais beaucoup de monde, à la limite trop par rapport à ma personnalité. Mais là je ne peux plus parler comme avant ça me manque un peu ». « quand les enfants ne sont pas là je me sens isolée. C’est surtout parce que je n’ai pas d’autres adultes avec moi pour discuter. Il y a les gens de ma famille, mais je ne les vois pas beaucoup et ce n’est pas pareil de toute façon ». « Je n’ai que les enfants. Moi j’ai aussi besoin de discuter avec d’autres adultes et cela c’est ça qui me manque le plus, un adulte proche » « quand les enfants ne sont pas là, je vois personne. Je parle au mur, puis j’allume la télévision pour me sentir moins seule. Les autres s’en fichent » « quand les enfants ne sont pas là (garde alternée), s’ils n’appellent pas pour prendre des nouvelles, personne n’appelle. Je pleurs, je ne fais rien. Du coup je prends des antidépresseurs et je me mets à boire ». « Mon état d’esprit dépend de la présence des enfants ou pas. Lorsqu’ils sont absents, dans ces moments-là que je me dis que je suis seule et que je sers à rien ».
Après 60ans, 19% des individus sont isolés mais ce sont les plus de 75ans les plus touchés (la part des plus de 75 ans touchés a augmenté de 8 point entre 2010 et 2013) car :
« Du chagrin j’en ai tout le temps, déjà que je suis un peu sensible de nature alors maintenant que je suis complètement seule..» « Je parle au mur, puis j’allume la télévision pour me sentir moins seul » «La solitude cela m’accompagne tous les jours. C’est ma vie. Il faut l’accepter. Il y a un peu de tristesse car mes enfants ont été obligés de déménager. Moi je suis restée ici pour ne pas déranger. Je comprends bien la vie. Il faut accepter, surtout la perte de mon mari. » « Personne ne m’invite. Pas de coups de téléphone. En fait personne ne s’intéresse à moi ». « Il y a des moments où je veux parler à quelqu’un mais je sais que personne ne me répondra. Je vais souvent à l’hôpital pour des raisons personnelles mais il n’y a personne à qui parler en dehors des médecins » « C’est le manque de parler surtout. Avec les enfants, je ne peux pas parler de tout ils sont trop petits. Avant j’étais préparatrice en pharmacie et je voyais beaucoup de monde, à la limite trop par rapport à ma personnalité. Mais là je ne plus parler comme avant ça me manque un peu ». « Depuis le décès de ma femme, je sens le vide total. Ma vie n’est plus comme avant. Il y a un changement, je sens le vide ». « J’ai personne, l’appartement est vide » « Je passe des journées sans voir personne ni un coup de téléphone. C’est comme cela. » « Je me sens entre ciel et terre sans parachute. quand je regarde une émission à la télé, je n’ai personne pour partager avec moi ». « Les enfants ça va. Mais ils travaillent maintenant et je ne peux pas être tout le temps chez eux. Au point de vue du voisinage il n’y a pas grand-chose. Et puis surtout j’ai eu de gros problèmes familiaux avec le mari, mais ça je ne veux pas en parler. Là je suis encore sous antidépresseurs et j’ai du mal à aller vers les gens, à sortir, je me renferme. En plus j’ai été obligée de déménager et je viens d’arriver là je connais rien ». « Je me sens seul, le téléphone ne sonne pas. Je n’échange avec personne. J’ai un chat comme seule compagnie» « Quelques fois j’aimerais avoir de la visite, ou avoir l’audace d’aller sonner à une porte. Mais ça j’en suis incapable, donc je me dis tiens, aujourd’hui je ne vais encore voir personne » « Je n’ai personne à qui parler, personne à qui me confier » « Les journées sont longues quand on est tout seul. Alors quand je suis triste, je pars faire un tour dans le bois quand il fait beau. Heureusement, il y a l’aide-ménagère, sinon il n’y a personne. » « C’est de la souffrance quoi, avant j’étais tout le temps avec mon mari, on sortait tous les deux, aujourd’hui je me sens seule ». « Depuis que mon mari est décédé je n’ai jamais pu me faire des amis catalans. Je n’ai qu’une amie, mais il faut prendre le bus pour y aller alors quand je me sens seule j’écoute de la musique » « Je suis seul c’est comme çà. y rien à dire, y’a rien à faire. quand on vieillit on perd ses amis, sa famille, ses repères ». LIRE LE RAPPORT DE LA FONDATION DE FRANCE SUR "LA SOLITUDE EN FRANCE" (JUIN 2013)Salomé Moalic