Chaque jour, nous donnons la parole à une personne sans domicile, qui raconte comment elle vit cette période de crise sanitaire, et ce que le confinement change de leur quotidien. Ces témoignages permettent aussi de se rendre compte de l'hétérogénéité de situations que recouvre le statut de "SDF".
Pour rappel, vous pouvez retrouver :
- de simples conseils pour agir au quotidien et maintenir le lien social
Le numéro vert d'information est le : 0800 130 000
En cas de crise ou de symptômes graves, appelez le 15.
Thierry
"Je suis hébergé dans un centre du 13ème arrondissement de Paris jusqu'au 30 mars. On est 4 par chambre. Je sais qu'il vaut mieux éviter de sortir, mais moi j'ai besoin de faire la manche ! J'essaye de faire la manche comme je peux, mais c'est galère il n'y a personne. Pas un chat ! Normalement, je faisais les terrasses de café, mais là ce Coronavirus ça m'a coupé 100% de mes revenus.
J'ai pas 1 € sur moi ! Rien. Comment je fais pour acheter des cigarettes et faire ma lessive ? Je prends le métro pour aller voir quelques copains de la rue et leur demander de me dépanner. J'ai besoin d'argent, et c'est pas le virus qui va m'en donner."
Giò
"J'étais dans la rue depuis un bout de temps. Puis j'ai trouvé un boulot au black dans un restaurant. J'arrivais à payer ma chambre d'hôtel à 35 euros, et je ne demandais rien à personne, tout allait bien ! J'avais fait pas mal de démarches administratives, et j'étais censé récupérer de l'argent et des papiers à la fin de la semaine. Mais maintenant, c'est la galère, tout est bloqué ! Le restaurant a fermé, je ne touche plus rien, et toutes les démarches sont arrêtées.
Hier soir, j'ai dormi dans le hall d'un immeuble. Je vais aller voir dans une paroisse demain, pour voir s'ils n'ont pas une chambre pour moi... Le problème, c'est que je dois marcher 2 heures par jour. Je prends 8 médicaments par jour à cause d'un problème à l'aorte, le sang doit circuler. Je ne croise personne, je fais attention. Mais c'est bon, j'ai une attestation médicale pour sortir !"
Ali
"J'ai juste besoin d'une soupe chaude. Je ne comprends pas pourquoi il n'y a plus personne dans les rues, qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai une blessure à la jambe et je ne peux plus bouger : à quelle heure passent les associations ? Elles ne passent plus. Je viens d'arriver dans le quartier, j'étais Gare de Lyon ce matin, je suis venu là. J'ai faim et j'ai froid. Vous n'auriez pas une couverture ?
Non, merci, je ne veux pas de gel, je ne comprends pas à quoi ça sert.
Je veux juste une soupe chaude."
Farid (le prénom a été changé)
"C'est bon, j'ai de la chance, j'ai trouvé un hébergement grâce à une dame que je connais chez qui je faisais des ménages. Elle a même la télé dans le salon, donc je peux suivre les infos.
J'ai un petit souci de santé, mais rien à voir le coronavirus ! Il faut quand même que j'aille voir mon médecin demain. Les règles d'hygiène, je les connais. Je suis assez connecté, je parle beaucoup, et à plein de gens différents la journée via les réseaux sociaux, parfois même jusqu'à 23h30 !
Mon conseil pour garder le moral : quand je regarde des immeubles au loin, je peux m'évader avec l'horizon, ça aider aussi."
Jean-Marie
"Je suis flûtiste, je vis dans un petit bateau. Le matin, il n’y a plus un bruit maintenant, quand le bateau est ouvert et que je joue de la flûte, les gens m’entendent. Donc j’ai décidé que tous les matins j’allais jouer l’hymne à la joie à 7h30/8h pour tous mes voisins. Je suis troubadour et philosophe, mon plaisir c’était de jouer dans la rue pour les gens…De mon bateau les gens ne sont pas obligés de bouger et comme ça ils entendent quand même, c’est important. Les après-midis, les promeneurs s'arrêtent pour m'écouter chanter Brassens. Il y a vraiment quelque chose de beau qui se créé. Les gens sont en train de se rappeler ce que c'est que d'être humain."
Claudine (le prénom a été changé)
"J'ai pas le virus, moi. Tous les matins, quand je vais chercher le petit-déjeuner à l'association, tout le monde me dit de faire très attention aux gestes barrières. Je mets du gel sur mes mains tous les matins, mais après je suis dans la rue donc je ne peux plus m'en mettre..."
Jalil
"Vous voulez entendre une histoire drôle ? Je dors dans une cage d’escalier d’un immeuble entre 2 étages. Une voisine m’a vu, et m’as demandé de partir. Je lui ai dis que malheureusement je ne pouvais pas car je n’avais pas d’attestation pour être dehors, elle a donc logiquement appelé la police. La police était très embêté, car c’était impossible pour eux de me mettre dehors à cause du confinement, mais en même temps ils devaient me virer de l’immeuble. La police m’a donc donné une attestation pour m’autoriser à rester dehors dans le quartier, et elle m’a accompagné jusqu’à l’hôpital le plus proche, où ils m’ont exceptionnellement laissé rester dans la salle d’attente. Au moins la-bas c’est calme, c’est propre parce que c’est un hôpital, je peux charger mon téléphone et j’ai accès aux toilettes et à de l’eau potable. C’est le seul endroit ou je peux faire tout cela depuis le début du confinement."
Rozenn
"J'aime beaucoup recevoir des appels d'Entourage. Merci à vous, c’est vraiment très beau ce que vous faites. Vous êtes un peu comme un médicament pour la solitude, ça m’a vraiment fait du bien de parler. Merci de votre travail et j’attends avec impatience les prochains appels d’Entourage."
Nicolae
"J'ai 60 ans, je suis roumain et je suis SDF à Paris pendant plus d'un an. Dans ces moments difficiles, un ami syrien qui est parti, m'a laissé ses clés à son studio, mais le problème est que je n'ai pas de nourriture et si je ne meurt pas de coronavirus je vais mourir depuis hier matin, je n'ai rien à manger et je n'ai pas d'opportunités financières à acheter dans le magasin voisin. Je ne sais pas quoi faire, et l'interdiction de la circulation est incapable de passer à travers Paris à la recherche de nourriture. S'il vous plaît, vous pouvez m'aider d'une manière ou d'une autre? Merci de l'âme."
Ivan
"J'ai 40 ans, je suis sans domicile depuis 4 ans. Inscrit CCAS (Centre Communal d'Action Sociale), je dors dans la voiture et c'est très difficile. Tout le monde est au courant : la gendarmerie, la commune, le 115... mais rien, pas de place. Peut-être qu'avec cette crise épidémique Covid 19 , j'aurais plus de chance si vous pouvez faire quelque chose pour moi merci ?"
Éric
"Je suis hébergé par le dispositif "Hiver solidaire" dans une paroisse solidaire. On devait partir le 31 mars, mais ils vont nous garder jusqu'à la fin du confinement. Et ça tombe bien, parce que normalement j'ai un plan pour un studio après. Les journées sont longues, mais tous les jours, je participe avec les autres bénévoles à la distribution alimentaire pour tous les autres SDF. L'essentiel, pour nous qui sommes hébergés ici, c'est qu'il faut bien passer les journées : ça nous occupe de filer un coup de main. Et on aime faire plaisir aux autres qui sont encore dehors, alors qu'on a un toit pour le moment. Si on peut aider les gens à avoir quelque chose à manger, eh bien on continue le temps qu'il faut."
https://youtu.be/S4FdOIGtf6w?t=109
Virginia
"Pour moi être confinée c’est rester seule dans ma routine et continuer à faire mes activités mais à la maison. Mais grâce aux réseau Entourage je me sens plus entourée en étant confinée qu’avant. J’ai aussi mes voisins que je croise à ma fenêtre ou dans la cour mais hormis de simples « bonjour et bonsoir », je n’ai pas autant d’échanges qu’avec les personnes du réseau. J’aime bien nos moments de discussion pendant les cafés vidéo par exemple, ça me change les idées et j’ai rencontré de vrais amis… C’est important pour mon moral !"
Mak
"J'habite chez un ami : c'est une chance que j'ai, j'ai pas mal d'amis sur qui compter. Les distributions alimentaires, j'arrive à en trouver même si certaines sont fermées le week-end. Le problème c'est jamais la nourriture, c'est le logement. Mais j'ai entendu dire qu'ils allaient offrir 2000 hébergements ? Le plus important, c'est mon téléphone, ça me permet de rester en contact avec tout le monde : j'ai une carte Lycamobile. Quand je sors, je fais attention : je reste à 1 mètre de distance et je mets un foulard sur ma tronche. Parfois, je prends le bus ou le métro pour aller voir des copains, pour m'aérer. On m'a déjà demandé mon autorisation de sortie, mais les policiers étaient très sympas."
Xavier témoigne depuis sa tente.
Samia
"Que des gens viennent me parler, je me dis " ah quand même ça existe" ! Discuter ça me fait du bien. En plus, je suis en pleine procédure de saisie administrative , pour une histoire d'impayés : normalement j'ai pas le droit à plus de 10 euros de découvert, et là on vient de me débiter 61 euros, juste pour les frais de la saisie. Et avec le confinement, tout est bloqué, je ne sais pas quoi faire. La permanence où je pouvais me faire aider par des avocats est fermée. Je ne sais pas comment je vais m'en sortir."
Willy
"Je suis actuellement dans une chambre individuelle dans un CHRS de Lille. Après deux semaines de confinement, je me sens seul. Malgré le fait que j’ai une télé, mes journées sont longues et ma bande de copain me manque. Surtout que j’ai du mal à les joindre par téléphone. Heureusement, je suis toujours content quand on me passe un petit coup fil pour prendre de mes nouvelles. Ça me met du baume au coeur et ça me fait plaisir d’entendre des voix de mes contacts, et de discuter avec eux."
Barberouge (Rennes)
"Je suis dans un foyer à Rennes. J’ai Elianie qui m'a appelé plusieurs fois et on rigole bien à chaque fois, elle est super sympa et ça permet de ne plus se sentir seul parce que le confinement c’est vraiment difficile."
Xavier
"Ça y est, je suis content, ça fait 4 jours que je suis relogé ! Je suis dans un centre dans la banlieue de Lyon. On est trois par chambre, mais au moins j'ai un toit sur la tête, ça change de la tente. Par contre, il n'y a pas de wifi et on n'a le droit de sortir que 2 fois tous les 15 jours."
Fabien, Dans le cadre de l'opération Les Bonnes Ondes
"Ça me touche au coeur ces appels téléphoniques, ça me fait un bien phénoménale."
Homar, Dans le cadre de l'opération les Bonnes Ondes à Lyon
"Les Bonnes Ondes me font sortir d'un isolement très difficile à vivre surtout pendant le confinement, mais elles permettent en plus de créer des vraies relations amicales. Je ne me suis jamais senti aussi entouré depuis mon arrivée à Lyon, c'est la magie des bonnes ondes!"
Florian (jeune SDF), après sa participation à notre atelier Webinar
"C’était super bien expliqué, en ayant les chiffres clefs, ça marque plus car parfois la population ne se rend pas compte. L’intonation et la voix des interlocuteurs était très claire et dynamique. Je n’ai pas vu le temps passer. En même temps d’apprendre, j’ai fait des rencontres magnifiques avec des messages de soutiens lors de l’échange de numéro. Maintenant j’aimerais aider à mon tour comme on a pu m’aider car tout cela m'a apporté des connaissances ( aides et associations ) que l’on ne connait pas forcément, j’ai cherché 3 jours de 9h à 23 h du soir. J’aimerais que mes connaissances et mon vécu aide des personnes qui étaient comme moi à la rue sans toit pour dormir"
Pour lutter contre l’isolement de chacun durant ce confinement, Entourage organise des moments de convivialité et de partage entre personnes avec et sans-domicile. Pour en savoir plus et participer à nos évènements, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux et à télécharger notre application d’entraide: Entourage !
Omar, participant
"Le Jeux’Di tout est permis, en attendant le vendredi… C’est convivial et amusant. On rigole en oubliant tous nos soucis, ça me permet aussi de créer du lien avec les autres participants."
Alba (le prénom a été changé) , entoureur dans le cadre des Bonnes Ondes
"Trop bien, hyper bonne cohésion de groupe entre tout le monde. On fait un appel visio une fois par semaine pour faire des jeux tous ensemble. Tout le monde s’entend trop bien, les appels durent plus d’une heure à chaque fois et chacun.e fait des retours positifs sur les autres."
Daniel (le prénom a été changé), personne sans-abri
"Bonjour je suis sans domicile fixe depuis le début du mois de février, ça fait bientôt 3 mois et je prends sur moi tout les jours. Les journées sont longues je n'aurais jamais pensé me retrouver dans cette situation c'est très dur à vivre encore plus avec le confinement. Et aujourd'hui je crois que mon corps et mon esprit ne suivent plus , je ne devrais pas me plaindre car il y’a des gens qui sont dans cette situation depuis des années mais je ne sais pas si je vais tenir longtemps ."
👌🏻Je soutiens Entourage : je fais un don
Florian
"Entourage m'apporte de l'aide et de l'espoir c'est vrai que ça aide bien. Ça permet de soulager un peu , sur plein de choses. On se rend pas compte, mais tout va très vite."
Chiara (le prénom a été changé) , après un visio-partage dans le cadre de l'opération des Bonnes Ondes)
"ça s’est extrêmement bien passé. On va réfléchir ensemble à comment faire pour trouver des personnes à entourer, on veut être actifs sur la recherche de personnes."
Patou
"On est les oubliés de la France. La solitude, ça rend fou ! Ça serait bien aussi de ne pas que parler des gens de la rue, nous aussi, dans les centres d'hébergement, on est démunis ! Je touche 0 euro par mois, mais on m'aide de temps en temps. Notamment, via l'application Entourage, j'ai des dons alimentaires. J'ai pas de RSA parce que j'ai que 23 ans et j'y ai pas droit."
Retour sur notre première "pause café" entre les communautés Entourage de Lyon, Paris et des Hauts-de-Seine!
Fanny, participante
"convivialité, partage, nouvelles personnes, échanges !"
Darius, utilisateur de l'application à Neuilly sur Seine
"Pristina et Kamel sont très sympa ! Je les revois dans deux semaines pour une nouvelle action."
Laure, participante à un atelier webinar de sensibilisation
"Tous les moments interactifs, très bonne façon de garder l'attention des participants en visio-call. Et tous les conseils pour aborder un sans-abri sans "faux-pas" et avec bienveillance"
Fred, entoureur dans le cadre de l'opération des Bonnes Ondes
"Lucie, Monique, Jacquot, sont un super groupe... Dans l'écoute l’intellect, la bonne humeur, et la déconne ... Voila Jacques, je pense, à plus l’impression d'avoir des copains, que des bénévoles d'entourage. En tout cas il sait qu'en plus de nos appels hebdomadaires, il peut nous appeler dès qu'il le souhaite."
Hervé, entouré dans le cadre de l'opération des Bonnes Ondes
"Ce que j'aime, c'est l'échange, c'est très important. On parle de la vie en général. C'est simple et ça fait du bien."
Hélène, participante à un atelier webinar de sensibilisation
"Ce que j'ai aimé : le contexte en chiffres, casser les stéréotypes, tous les liens ! super animation, beaucoup d'énergie. présentation claire et dynamique !"